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Le lièvre de la Saint-Vincent

Réveillé au chant de la fauvette, Bacchus part saluer le chanoine Kir sur les bords du lac à Dijon.


Réconforté, il poursuit son chemin jusqu'à Nuit-Saint-Georges pour y déguster une crème de cassis. Dix heures sonnent au clocher du village lorsqu'il termine sa course à Vosne-Romanée.


La vraie vie, c'est là, au beau milieu des "climats", ces fameux lieux-dits dont certains ont la qualité de premiers crus.


Bacchus est l'invité d'honneur de la Saint-Vincent tournante. Il s'agit de la fête des vignerons, cérémonie religieuse et profane, présidée par la confrérie des Chevaliers du Tastevin. Cette manifestation est organisée tous les ans dans un village différent le samedi qui suit le 22 janvier, date de la fête de Saint-Vincent.


Les vignerons cultivent cette atmosphère amicale et savent faire la fête comme au temps des bacchanales.


Derrière la banière étoilée caracole Saint-Vincent, ce diacre espagnol, patron des vignerons.


Après la remise du prix littéraire, les belles voix des villages bourguignons nous invitent à passer à table.


Les grands crus arrivent autour d'un civet de lièvre. Voilà la beauté même, où toute vulgarité est banie au profit de l'Art.


Croyez-moi, le temps d'une fête, nous accédons à cette dimension profondément humaine et civilisatrice qui ne cessera jamais de s'affirmer et de nous éblouir.


Bacchus anime la conversation autour du lièvre, ce noctambule toujours à la recherche d'aventures galantes dès le premier croissant de lune. Quel bonheur d'avoir rencontré, une nuit de pleine lune, la danse nuptiale d'une hase et d'un lièvre.


Le lièvre sait, à l'instar de la lune, apparaître et disparaître avec le silence et l'efficacité des ombres...pour laisser place à une grande Dame : La Romanée-Conti.


Ce grand cru rouge de la Côte de Nuits est mûri et élevé à Vosne-Romanée.


Au milieu du XVIII ème siècle, Louis-François de Bourbon, prince de Conti, mécène généreux et éclairé, acquiert le domaine qu'il ne gardera que quelques lustres. Pourtant, ce grand nom de France perdurera malgré la Révolution française et ajoutera à la magie de ce vin extraordinaire dont le vignoble, sur 1,85 ha, ne produit guère plus de 6000 bouteilles qui sont vendues à l'unité.


Les dégustateurs avertis hésitent à décrire le plus accompli des grands vins de Bourgogne.


Les plus aventureux citent les arômes de rose, de violette, des notes d'épices, de truffe et de cuir.


Ce vin légendaire se boit après dix ans. Citons les merveilleux millésimes : 1988, 1990 et l'époustouflant 1996 qui est dans nos verres en ce jour de la Saint-Vincent tournante.


La table est pleine de joie.


Bacchus, avec sa distinction racée, entonne ses chansons préférées.....


Goûte, Goûte, Goûte compagnon


Lève ton verre et nous le remplirons... L'équipe rédactionnelle du magazine La Robe et le Palais vous souhaite une année 2012 lumineuse, un verre à la main.L'humeur ensoleillée, La Robe et le Palais déploie ses ailes pour transmettre ses messages bachiques au-delà de l'Hexagone.Du fond du coeur, merci chères lectrices et chers lecteurs.


à bientôt compagnons du bousset, nous nous retrouverons le 14 février pour la Saint-Valentin.

Illustration:

Raisins et grenades, 1763 (détail)

de Jean-Baptiste Siméon CHARDIN

Huile sur toile, 47 X 57 cm

Paris, musée du Louvre

J-B S. Chardin voulut peindre comme il l'entendait et souhaita que le "sentiment", l'émotion vissent le jour grâce à des "volumes, des couleurs et des formes." a écrit Pierre Rosenberg.L'apparente monotonie du sujet tranquille concentre dans le silence intime la saveur, la force expressive des choses.Avec Chardin, tout prend son accent par la nuance et par la transparence. Il anime sa matière avec une flamme intérieure.Regardez cette porcelaine laiteuse où les fleurs continuent de fleurir et ces grappes de raisins mûries au dernier soleil de septembre. Nous sentons bien tout le sucre qu'un bel automne a condensé dans ces fruits mûrs.

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