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Le mystère d'une boucharde


Figé dans le marbre par le célèbre sculpteur italien Antonio CANOVA (1757-1822),

voici L’Amour et Psyché.


Psyché ranimée par le baiser de l’Amour

H : 1,55m ; L : 1,68 m ; Pr : 1,01 m

fin XVIIIème siècle

Paris, Musée du Louvre


Le baiser de l’Amour fait renaître Psyché endormie à jamais après avoir respiré des  vapeurs mortelles contenues dans le vase qu’elle devait rapporter à Vénus.


L’immense popularité de l’histoire de Psyché à travers les siècles naît du jeu de mots qui s’attache à son nom.

En grec, « psuché » signifie à la fois « âme » et «  papillon ».

Pour nous, c’est Apulée (vers 124-190), cet érudit latin d’origine carthaginoise qui, en allant étudier à Athènes, fixa dans ses Métamorphoses, dites aussi L’Âne d’or, les diverses aventures de la princesse.


Canova suit de très près le texte d’Apulée.

Les biographes ont établi de sources sûres que Canova se faisait lire à haute voix les textes des anciens pendant les longues heures que nécessitaient son art.


Le génie de Canova est d’avoir crée cet enlacement à la source du baiser.

A l’intérieur du cercle formé par les bras de Psyché se situe le centre idéal de l’œuvre.

Cette attraction puissante est transcendée pour offrir à Psyché l’amour.

Ce geste de l’Amour imprime au corps de la bien-aimée un mouvement en spirale ascensionnelle.

L’élan des deux ailes de l’Amour soulève les deux corps, véritable «métrique de la sublimation».


Qui était Antonio Canova ?


Antonio Canova naquit en 1757, le premier novembre, à Possagno (Province de Trévise).

La beauté et l’abondance d’une pierre de qualité guidèrent, sans aucun doute, la boucharde d’Antonio Canova.

Avant de devenir sculpteur, Canova était apprenti cuisinier.

A l’occasion d’un banquet donné en sa villa par le noble Giovanni Falier, Antonio Canova présente à table un lion sculpté dans le beurre. Emerveillement des convives devant ce petit chef-d’œuvre, symbole de la République de Venise.

Initié très jeune au métier de tailleur de pierre par son grand-père, il fit preuve, dès le début, d’une précocité extraordinaire.

A quatorze ans, son aïeul eut l’occasion de le présenter au sénateur vénitien Giovanni Falier, homme au goût affirmé pour les arts. Il décela très vite le talent de Canova, et le fit entrer dans l’atelier du sculpteur Torretti qu’il suivra à Venise.

En 1775, Canova ouvrit à dix-huit ans, son propre atelier à Venise. Travailleur infatigable, d’un talent toujours croissant, il composa pour son fidèle protecteur Falier deux statues, l’une d’Orphée et l’autre d’Eurydice.

Il parvint à égaler la poésie des formes en accord avec la mythologie des poètes.

Les commandes du Sénat vénitien, du Vatican, mais aussi de la noblesse romaine, anglaise et française se succédèrent.

Napoléon 1er le fit venir à Paris en 1802 et en fit son sculpteur favori.

Antonio Canova eut le privilège de jouir pendant sa vie d’une renommée universelle.


Le matin du douze octobre 1822,  boucharde à la main, Antonio Canova donna son dernier baiser.


Ses principales œuvres sont :

Dédale et Icare (1777-79)

Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (1787-93) – aujourd’hui au Louvre

Persée triomphant (1797-1801)

Buste de Napoléon Bonaparte (1803-1822)conservé à Fontainebleau

Vénus (1807-1810)

Statue de Pauline Borghèse Bonaparte (1804-1808)

Trois grâces (1812-1816)


                Gustave Flaubert, lors d’un voyage en Italie,(avant que Psyché ranimée par le baiser de l’Amour regagne le Louvre) a écrit :


«  Je n’ai rien regardé du reste de la galerie ; j’y suis revenu à plusieurs reprises, et, à la dernière, j’ai embrassé sous l’aisselle la femme pâmée qui tend vers l’Amour ses deux longs bras de marbre ?

Et ce pied ! Et la tête ! Le profil !

Qu’on me le pardonne, ça été depuis longtemps mon seul baiser sensuel ; il était quelque chose de plus encore, j’embrassais la beauté elle-même… »


BOUCHARDE : nom féminin. Marteau utilisé par les tailleurs de pierre, et possédant deux têtes dont les extrémités sont découpées en pointes de diamant.

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