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L U M I E R E S    D ’ H I V E R

La grande aiguille de l’horloge poursuit sa ronde saccadée, marquant l’éternelle fuite du temps.

 

 

Le jour se lève et m’apporte un sentiment de délivrance et d’enchantement.

 

Sur le boulevard, un blanc soleil fait danser les rinceaux d’une frise.

 

La grille du Jardin des Plantes* s’ouvre, toute perlée de rosée.

 

Malgré l’hiver, la magie du jardin dessine les aquarelles de Redouté et les Paradisiers de Dewailly.

 

Mes pas s’approchent du jardin alpin quand une tresse de cheveux blonds virevolte sur un manteau rouge. L’inconnue s’arrête devant un noisetier déjà en fête avec ses longs chatons mâles couleur céladon, et, sur la même branche, l’éternel féminin auréolé d’une houppette grenat au fin bout du bourgeon.

 

Près du belvédère couronnant le labyrinthe dessiné par Buffon*, un promeneur à l’écharpe bleue semble apprécier le vert puissant d’un if. En réalité, c’est le rouge de ses arilles* qui le séduit ; les oiseaux dévorent ces faux fruits comestibles sans consommer la graine vénéneuse semée au gré de leurs humeurs vagabondes.

 

Jardin des délices, combien d’émerveillements sais-tu m’offrir !

 

Près des serres, trois enfants se disputent une balle jaune sans effrayer une colonie de corneilles.

 

Proche du cèdre du Liban planté par Bernard de Jussieu en 1734, le manteau rouge revient tel un oiseau de feu.

 

Une jeune louve au regard incandescent me sourit. L’hiver lui va si bien.

 

                                                                                              R.S, janvier 2020

 

 

*Jardin des Plantes :

« … En 1635, un édit royal ordonne l’implantation le long de la Bièvre d’un jardin de plantes médicinales, placé sous la responsabilité de Guy de la Brosse, secondé par Jean Héroard, tous deux médecins de Louis XIII. Inventaire des plantes utiles, ce jardin se veut instrument de progrès dans l’art de guérir et moyens de s’alimenter : on y enseigne la botanique, bien sûr, mais aussi la chimie et l’anatomie.

Guy Fagon, médecin de Louis XIV, ou Claude Perrault, frère de Charles, médecin mais aussi brillant architecte du roi, animent un amphithéâtre élevé tout exprès pour les dissections. Un cabinet de curiosités lui est adjoint en 1729, destiné aux collections royales de zoologie et de minéralogie. C’est le noyau d’un ensemble qui compte aujourd’hui 2 millions de fossiles, 8 millions de plantes en herbier, vingt fois plus d’insectes ou encore 35000 crânes humains…

      C’est parmi les vieux seigneurs chenus du Jardin des Plantes, le cèdre de Jussieu, le ginkgo de Buffon que l’on respire le vent de connaissance qui, longtemps, fit de Paris la capitale du « gai savoir ».

                  NC – (extrait du dictionnaire historique de Paris)

 

*Buffon :

Intendant de 1739 à 1788, c’est la figure tutélaire du Jardin des Plantes avec sa monumentale Histoire naturelle en 36 volumes publiés de 1749 à 1788.

 

*arille :

nom masculin. Tégument qui entoure la graine de l’if et constitue avec elle un faux fruit.

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