Roland Souchon
Inspirations
L'écharpe d'Iris
Exubérante délivrance du Rouge un soir d’été
Danse de l’Orangé dans sa robe d’étamine noire
Afflue rayonne Jaune bourrasque lumineuse sur un champ de blé
Impavide Vert ondulant sur l’écharpe d’une déesse
Bleu assaut dionysiaque d’une marée d’équinoxe
Indigo où choie le soir lorsque s’échappe l’heure bleue
Violet reflet du lilas au sourire d’avril
IRIS est la déesse, messagère dévouée au service de Zeus et d’Héra.
Elle descendait de l’Olympe pour porter la parole des dieux sur terre.
Elle laissait dans son sillage un arc-en-ciel.
L’arc-en-ciel est poétiquement appelé l’écharpe d’Iris.
Les sept couleurs de l’arc-en-ciel sont : rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo et violet.
Bleu
Quintessence de l’imaginaire sur l’onde outremer
Lueur céruléenne au chant de la voûte céleste
Voyelles coiffées d’azurite au nid de cendre bleue
Vertige des cimes sur le cristal de l’azur
Souffle vivifiant au mystère de l’indigo
Refuge ultime où fleurit le bleu.
Morpho saluant l’heure bleue,
vendredi 24 août 2018
Le mystère d'une caudalie
Danse câline à l’incarnat des frondaisons
Résonance des grappes vermeilles à l’unisson
Mystère bachique à l’arborescence fruitée
Rousses cambrures ourlées de grâce et de délié
Rivière de jouvence aux rives garance et rubis
Ample caudalie en finale fleurie d’une fraîcheur inouïe
Morpho
sous la caresse d’une pampre
été 2018
Au verger abandonné
Sur un nœud de pierres se perd le chemin
Et s’éveillent en lisière empreintes de satin
Le jour s’enroule à l’écorce parcheminée du poirier
Sur un nid d’herbes folles le vent tresse les années
Un fruit mûr vient défier le temps
témoin de ces mains qui parlent au verger
Exaltation
Terre rouge de Provence où chante l’âme de Frédéric Mistral
Porphyre et sinople sur la palette de Cézanne
Entrelacs d’escarboucle aux ardeurs vermeilles
Palpitations fauves aux carrière de Bibémus
Lueur sanguine sur le chemin des vignes
Incandescence au pinceau de soleil rouge
Morpho à la plume grenadine,
mardi 16 août 2018
Porphyre : roche magmatique à grands cristaux de feldspath et à pâte colorée rouge, verte, bleue et noire
Sinople : terre rouge de Sinope, aujourd’hui Sinop, ville de Turquie sur la mer Noire
Escarboucle : nom donné jadis aux rubis et aux grenats rouges
Bibémus : carrière ocre rouge près d’Aix-en-Provence où Cézanne avait un atelier. C’est ici l’âme du peintre de la Sainte Victoire
L'appel flûté
Une clarté s’invite à l’ourlet herbacé
Soie carminée au parfum de juillet
Nacre irisée à la main d’une fée
A l’appel flûté d’un bleu cendré
Apparaît une muse au parfum d’éternité
Confidences
Au détour d’un chemin oublié
Une lettre de l’alphabet
Renaît chaque été
Princes gardez vos palais
Ma chaumière aux bleuets
Palpite d’un secret étoilé
Farandole
Fête galante parée d’une brassée de bleuets
Perles de saphir aux ailes d’une centaurée
Farandole bigarrée au collier d’une renouée
Plénitude apaisée sur un sillon de soie carminée
Morpho
été 2018
Songes
Chemin de brume aux rives étoilées
Frisson de l’anémone au galop du ruisseau
Eclair de garance au nid du roncier
Rêve de lune au brame du cerf
L’échancrure indigo du crépuscule appelle Aphrodite
Barde à l’écharpe céruléenne,
entends-tu le baiser d’Adonis ?
PLUMAGE D’HIVER
Lierre sans âge où fleurit la neige
Plain-chant du genêt sur la pierre gelée
Bestiaire de givre à la croisée
Fumée bleue au croissant de lune
Pleupleute le pivert et cajole le geai
Fagots noués
Flamme retrouvée
NOMADE
Mendiant habillé de vent
Ivoire de l’aube au cœur de l’aubier
Cascade de brume au collier d’ardoise
Double iris au blason d’avril
Triple croche au rideau de l’averse
Entends-tu la gamme ailée d’Orphée près de l’alisier ?
CHARIOT D’ETOILES
Indigo au cœur de jade de la nuit étoilée
Clef des songes au dérobé de Cassiopée
Sommeille de la cloche au chant du coq
Echo de la voie lactée au berceau de l’aube
Initiales du vent sur les ailes d’Orphée.
CONSTELLATIONS
Ode d’Orion à la flèche de Persée
Pégase aux sabots de feu
Aquilon sur la lyre de Bérénice
Ritournelle de l’hydre et des poissons
Sagittaire à la chevelure de brume
Phénix escorte Sirius sur son immortel centaure dans la nuit multicolore
LEVANT
Azur sillonné d’hirondelles
Enivrante corolle à l’ourlet vermillon
Volée de cloches au cœur émeraude
Calliope vêtue de mai
Le jour se lève
L’eau du puits
Donne vie au buis
EPHEMERE et ETERNEL
Métaphore bleue à l’errante liberté
Philtre renaissant au miroir de ton secret
Chariot de pollen et houle blonde
Ballade azur où ton regard plonge
Volupté
Feu de forge dans ta voix
Ombrelle irisée sur ton sourire
Félin bleu à ta chevelure
Joie galopante dans le bleuet de tes yeux
Terreau des songes sur ta nuque alezane
Vent d’autan à l’élan de ton cœur
Germination aux ailes du désir
Lutin au creux subtil de ta corolle
ETREINTE
Etincelle de rosée à la courbe de tes seins
Odalisque au collier d’ambre et de braise
Brûlantes constellations sur l’éventail d’Eros
Ineffable bleu à l’étreinte d’Ulysse
Camaïeu aux délices de Calypso
Trois papillons se posèrent ; le temps d’apprivoiser l’heure bleue sur leurs ailes de soie
PASSE, PASSE LE TEMPS
L’aiguille du temps sculpte l’atlante à l’ombre d’une ride
Nymphe et cariatide reflètent ton sourire
Un croissant de lune exalte le rêve d’Ovide
Chopin tend la main au miroir de la nuit
Ineffables chants d’oiseaux à la source de tes yeux
Le Chant de la Terre
LE CHANT DE LA TERRE
Du sang chaud des mammifères est née la tourmaline
Le clavecin noir et blanc du mica accorde le quartz rose et le clair feldspath
De la roche grenue jaillit la fulgurance végétale
Nourrie du feu des volcans, l’andésite habille le ménestrel
Aux orgues basaltiques, le sonnet du crépuscule devient écarlate au cœur de jais
Les troubadours du puy de Pariou* ont accroché l’olivine au chapeau de l’obsidienne
L’aède a son secret et le madrigal son âme galante
* Sur la Chaîne des Puys, le puy de Pariou est un volcan d’Auvergne au cône parfait
Bouquinistes
BOUQUINISTES
Colporteurs ambulants du pont Marie au quai de Montebello
Hommes et femmes, rive droite, rive gauche, avec la Seine pour compagne
Peau de vélin et papier vergé par ordre de rareté
Collation des feuillets pour bibliophiles éclairés
Cartonnage, chagrin et maroquin pour une reliure de fantaisie
Edition originale avec l’accord de Marie-François Arouet
Gravure sur cuivre, lithographie et eaux-fortes pour illustrer les Fêtes galantes de Verlaine
Envois d’auteur et ex-libris de Baudelaire
Dédicace autographe de Modigliani à Manon
Incunable broché avec enluminure blotti dans sa boîte vert wagon
Chaque jour à Paris s’ouvre et se referme un livre à ciel ouvert
Hymne à la nature, source d’émotions et de vive inspiration
N U A G E S
Bestiaire céleste où la nuit féconde nos rêves
Ailes diaphanes au vertige de l’azur
Elytres de nacre aux vibrantes révélations
Octave sur la harpe des vents
Galop clair de Pégase à la source d’Orion
L’ H I V E R
Âme errante avec la burle pour compagne
Sente croquante de givre où résonne la voix des cimes
Ciel d’ardoise éclairé par la plume du geai
Ombre rousse aux yeux mi-clos, dernier refuge de la lune
Manteau rêche des fougères, couvert pour de secrètes voluptés
Le vol du milan charge d’espérance l’éternelle nuit des bois noirs
L A J O N Q U I L L E des E S C U R E S *
Corolle aux formes millénaires
Ton miroir est le chant bleu de la fauvette
L’arc de ta tige sourit à la lumière de la roche
L’aria des cimes t’a offert un éclat de jaune
Jaune, verset cherchant son souffle
Jaune, glorieuse lumière de Yahvé
Jaune, lueur au sourire de Marie
Jaune, ciboire à la pureté originelle
Jaune, soufre d’une étoile luciférienne
Jaune, safran né de l’idylle d’une fée
Jaune, soie nuptiale dévoilée à l’azur
Jaune, délice du jardin des Hespérides
Jaune, fusion du blanc céleste au sein de Gaïa
Jaune, tu es venu déclarer ta promesse au sapin centenaire ; les étincelles du ruisseau jaillissent
La grande respiration terrestre est en marche
* Les Escures : lieu magique en Haut Livradois près de Saint-Amant Roche Savine (Auvergne), théâtre des aventures de Gaspard des Montagnes, héros d’Henri Pourrat
A V R I L
L’ubac résiste au souffle des cimes
L’adret apprivoise bourrasques et giboulées
L’étoffe bistre de la lande s’ébouriffe au vent d’avril
Le bouvreuil allume la pulmonaire de mauve et de bleu
Légère acrobate, la chélidoine s’amuse à disjoindre les pierres
Une jonquille éclaire les persiennes du jardin
Le chant lointain d’une grive réveille la plénitude silencieuse du vallon
En secret, une froide étincelle cicatrise les morsures de l’hiver
Les lèvres humides d’avril accueillent le frisson de l’aube
Obole blanche pour le passeur de lumière
tout s’éveille,
tout vibre,
c’est AVRIL
E R R A N C E
Aime l’aubépine et son parfum de perle
Ecoute le soupir de la sauge sous la rosée éclore
Suis le chant de la fauvette jusqu’au nid de l’anémone
Accompagne la hase au gîte et la grive draine au gui
Au coude du chemin ondoyant, tu verras grandir le silence et le hibou grand duc allumer la nuit
O D E à la T E N D R E S S E
Songes de la nuit enroulés à la croix de basalte
Soupir du roncier au lit bleu de l’anémone
Lenteur et fulgurance au chant de la digitale
Calligraphie d’une libellule au son de l’angélus
Miroir d’Orphée où ruissellent des chants d’oiseaux
La terre exhale l’impatience d’une fougère, braise fraîche dans la gorge du geai
Avec toi
Deux poèmes tracés dans le clair levain de l’aube pour celle qui guide ma plume
Voici le parfum de mon cœur :
A v e c T O I
Pareil à la vague sur une plage aux lèvres humides,
ta voix s’appelle désir
Coquillages et vent de sable ont épousé le jusant
Une nuée d’oiseaux traverse le miroir de tes yeux
Une bouffée de sel et de nacre monte au zénith de l’équinoxe
La grande respiration océane arrive sur ses ailes blanches
Une brasée de braises a rejoint l’horizon
Tes yeux brillent au clair de lune
Il n’y a plus ni attache ni rive
L A M U S E
Rêvée au collier blanc d’un nuage
Rencontrée à l’heure où brode l’aiguail
Aimée au pourpre du couchant
Etreinte dans l’ardeur silencieuse d’une lune rousse
Muse, elle est apparue,
Bleu saphir, elle est restée
Chemin d'espérance
Moment de grâce
Ta lèvre boit la cicatrice de la nuit
Ta main cueille la dernière étoile
Trois roses guettent le chant de l’aube
L’espérance vient de naître
Pietà
Mère et Vierge
Abdication mystique au pied de la croix
Sereine sévérité dans la certitude absolue
Ineffable douleur dans la tendresse de Marie
Papillon échappé de sa chrysalide
Chair promue à la pérennité
Ton fils accède déjà au sein de l’immortalité
R.S, 2016
Arcane
Le vent d’automne habille de garance le roncier
La signature d’un nuage, éphémère calligraphie, dessine un sourire sur l’étang
Le soir descend
L’odeur de l’ombre écoute chanter la source
Les marches de l’horizon embrassent les étoiles
L’éphéméride d’Orion tisse un chaud sillon où s’abandonne le mystère
Habiter la terre
Fleur de lune
Rumeur du ravin
Haute-contre de la burle
Impavide chrysalide à la croisée de la soie
Vagabondage du bourdon
Procession d'un chapelet de fourmis
Eclair métallique de la libellule
le temps s'enfuit,
il nous reste, fidèle,
la sagesse du fruit rond de la lune
* burle : vent de neige en Auvergne
Ma principale source d'inspiration est l' Auvergne, force mauve bleutée où rudesse et douceur se conjuguent.
Parcourir les chemins façonnés par le feu des volcans, boire dans l'écuelle du vent et cueillir le parfum de la fougère : Voilà l'errance qui guide ma plume.
Le poème exige une croyance pour toucher l'âme.
Ecrire, c'est sculpter le silence, ce chant perpétuel.
Plume
Papier ivoire ombré par le grammage
Confidence de l'encre sépia
Embellie sur le collier de la marge
Paille chaude des voyelles
Diamantin des consonnes
Arabesque et éclair
Signet ineffaçable
Confluences
Esthétique du vide
Délié de la rime
Sillon d'or et de pourpre
Rature féconde
Vide de l'encrier
Parcelle d'éternité
Emoi
Etoile au bord du jour sur l'arc du vent
Polygone étoilé sur la harpe d'avril
Cri de l'hirondelle sur la portée de l'averse
Nuée de pollen à la crosse d'une fougère
Ubac et adret réunis au parfum de la source
Calligrammes
Plain-chant de l'alisier
Palimpseste sur l'écorce du sorbier
Lumière safran sur l'humble croix de basalte
Sursaut d'allégresse à l'olifant pourpre de la digitale
Sagesse du fruit rond de la lune
Calligrammes dessinés par le vent
Bestiaire
Clameur rauque à la remise du chevreuil
Abeille lovée dans l'émoi des cimes
Cithare des faux-bourdons au diapason
Envolée nuptiale de la Reine
Renaissance
L'hirondelle boit le dernier soupir de la nuit
Le chant de l'aube sonne à la grille du jardin
Le souffle rugueux d'avril griffe la branche du lilas
La plume du vent dessine la corolle d'une jonquille
Le silence d'un bouton d'or éclaire la source
Inlassable regain du monde