L'âme des pierres
En quête de la fascination des origines, ses pas s’allongent sur le chemin brodé de vent
Entre alisiers et sorbiers, c’est une mélodie fécondée par la magie du printemps
A chaque instant, une gorgée de renouveau illumine son âme
L’humble pierre est son talisman, gardien de l’étincelle primitive
Ô toi pierre des sentes bûcheronnes
Ton échine aux arêtes vives prend l’allure altière d’un cheval fougueux
Ô toi pierre, roche magmatique
Tu es couleur dans le chant des voyelles
A pour ton mica qui brasille
E pour ton quartz blanc
I pour ton rouquin feldspath
Ô toi pierre incrustée de mystère, à peine apaisée de l’érosion des millénaires
Ton cœur palpite dans le silence d’un matin de brume
Ô toi pierre de l’adret
Tu es ce brandon de braise où se dessine un frais minois
Ovale angélique rêvé des sculpteurs helléniques
Sur le chemin du temps, les pierres savent que la roue tourne, infatigable
Il faut donner pleine confiance aux pierres, mémoire à ciel ouvert
Ô toi pierre de l’ubac
Tu t’émerveilles à l’offrande de la première neige
Ô toi pierre, tu aimes ceux qui étreignent l’arbre sous la morsure de l’hiver
Ô toi pierre, roche éruptive
Sous les sanglots du ciel
Tu restes fidèle à celles qui n’ont ni consolation ni douceur
Ô toi pierre
L’aube de mai te reconnaît
Lorsque le pollen poudre la lèvre des fées
Ô toi pierre
A l’étiage de la rivière
Tu sédimentes une partition aux reflets céladon
Seule la pierre sait que, sur la feuille du roncier, tout le jour a guetté le dernier soleil pour s’endormir dans un éclat de garance.
Roland Souchon, 2024
Visuel :
Le chemin des Muses
Huile sur bois de peuplier
Tondo, diamètre 80 cm
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