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LE JARDIN D'ORPHEE

 

 

Me heurtant aux portes des délices du jardin, j’entends :

 

                                         «  Eurydice ! Eurydice ! »

 

Le terrasse des Feuillants demeure abandonnée, seul y résonne le chant d’un merle ; son écho revient, tout frémissant à l’appel du printemps.

 

De mon livre ouvert, un mot couleur bleu pervenche ouvre le chemin de l’imaginaire :

 

Dans la fièvre ottomane apparaît l’Orient brodé de fils d’or et d’argent sur ses vaporeuses sépales,

 

L’aloe vera envoie sa tirade de verts sur une terrasse de Riyad,

 

Baignée de lumière, la rose de Chiraz s’évanouit de tendresse sur une rime de Saadi,

 

Eclose près de la rivière des parfums à Hué, une fleur de frangipanier change brume et nuage en aérienne extase,

 

Une cantura à Lima vient défier la faille de Nazca,

 

Un billet doux s’est glissé sous les larges pétales d’un hibiscus à Hanga Roa,

 

La délicatesse d’un bougainvillée chante la poésie de Pablo Neruda sur une colline de Valparaiso,

 

Sous la blanche touffe de jasmin, le chemin de Capri grimpe vers l’azur,

 

Une fleur d’olivier frissonne, emportée au vent des moulins de Santorin,

 

Au pied du mont Ida, le rouge puissant d’un grenadier éclaire le village d’Anoya,

 

Sur la soie de l’iris, l’ange gardien de mystérieux amours veille à Bagatelle.

 

 

A l’appel d’un désir, prêt pour l’idylle, Orphée retrouve Eurydice.

 

 

Qu’il fait bon sur la ligne courbe de la danse du printemps.

 

                                                                            Roland Souchon,

                                                                                  printemps 2020 

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